Décès de Jean Kermarec
Hommage d’Elizabeth Turquais suite à la disparition du Professeur Jean Kermarec.
Notre ami Jean Kermarec, né le 30 mars 1930, à Logonna-Daoulas (Finistère) est décédé du Coronavirus à la veille des ses 90 ans.
Avec conviction, une grande humanité, il est avec Maurice Abiven, l’un des pionniers des Soins Palliatifs en France. L’ASP Fondatrice, l’UNASP et toutes les ASP de France sont en deuil aujourd’hui. Toutes nos pensées accompagnent sa famille.
J’ai connu le Professeur Kermarec en 1996. Lui Président de l’ASP-Fondatrice, Général, pneumologue, Breton. Moi bénévole débutante à l’Hôpital Mignot doutant fort de ma capacité à accompagner les personnes en fin de vie, Britannique. Il m’impressionnait beaucoup. Ou plutôt j’admirais tout ce qu’il avait déjà inventé et mis en œuvre pour les soins palliatifs relativement nouveaux en France.
Médecin-Chef à l’Hôpital Percy il y a accueilli dès 1987 la toute première équipe de bénévoles « hors USP », estimant qu’ils avaient leur place dans les services cliniques tout comme plus tard il se battrait afin que nos bénévoles puissent accompagner au domicile et en EHPAD.
Sa relation officielle avec les ASP naît lorsque, poussé amicalement par Jean Faveris, contrôleur général des Armées et un des fondateurs de l’ASP, Jean travaille à la mise sur pied de l’UNASP en 1994. Et voilà… c’était parti. Jean a exercé la présidence de l’ASP-Fondatrice avant de se lancer à partir de 1999 dans l’aventure de l’ASP-Yvelines. Les trois équipes ASP-F situées dans les Yvelines ne se plaignaient de rien. Il n’y eut aucune manif dans les rues de Versailles pour réclamer notre indépendance et peu d’enthousiasme pour prendre des responsabilités. C’était compter sans l’obstination de Jean qui, entouré de Jean-Yves Aubry et du Docteur Jacques Dubrujeaud, a convaincu, cajolé, poussé jusqu’à ce que l’ASP-Yvelines voit le jour en 2000.
Vice-Président de notre association, il a toujours tenu à une relation forte entre médecins et bénévoles d’accompagnement. Il parlait dès le début de culture palliative et contrairement à certains collègues imaginait notre présence dans tous les milieux où sévit la maladie grave. Cela a parfois donné lieu à des débats rudes. Jean n’était pas Breton pour rien !
En 24 ans de travail ensemble mes sentiments ont forcément évolué. L’admiration s’est confirmée. Cet homme frêle était en fait un homme fort, l’homme fort était juste, et surtout l’homme était bienveillant. Récemment il a terminé son autobiographie « Au vent des Aulnes, Mémoires d’un médecin » par ces mots, parlant d’Hélène, son épouse décédée en octobre 2019, et de leurs enfants : « …nous sommes d’accord sur l’essentiel : une vision humaniste qui nous conduit à soutenir les personnes en difficulté et à essayer d’assurer la promotion sociale des gens qui nous entourent »
Jean était croyant, mais jamais dogmatique. Il a rejoint Hélène et l’ASP-Yvelines est plus pauvre. Moi, je pleure un ami.
Elizabeth Turquais
En août 2016 Jean Kermarek était élevé à la dignité de Grand Officier de l’Ordre national du Mérite.