Historique des soins palliatifs
Deux communications du Pr Jean Kermarec sur l’évolution des soins palliatifs.
Adhésion des soignants au concept d’accompagnement en fonction du contexte historique récent
Synthèse présentée par le Professeur J. Kermarec lors de l’AG de l’ASP-Yvelines du 23 mars 2006.
Introduction
Objectifs de la médecine :
- Guérir si possible, soulager toujours dans la complémentarité des intervenants et l’accompagnement, que ce soit vers
- la guérison et ses phases critiques
- la fin de vie
- Atténuer la souffrance :
- traiter la souffrance physique
- accompagner la souffrance morale, spirituelle, sociale
L’accompagnement jusqu’au milieu du XXème siècle : une médecine essentiellement palliative, une société solidaire
La médecine est démunie :
- tuberculose, première cause de mortalité avant 50 ans
- méningite tuberculeuse = arrêt de mort dans la souffrance
Médecins et infirmières pratiquent les soins palliatifs
L’accompagnement est essentiel :
- médecins et infirmières famille,
- voisins, bénévoles
Soins palliatifs et accompagnement : le plus souvent à domicile
Les bouleversements médicaux et culturels de l’immédiate après guerre 1939-1945 : vers une spécialisation inévitable
La révolution thérapeutique :
- avènement des anti-biotiques majeurs
- guérison de maladies mortelles
- pénicilline, streptomycine,
- maitrise de la typhoïde (1949)
Les progrès de la chirurgie : interventions audacieuses et risquées
Le développement parallèle des techniques
Conséquences de l’évolution technique et de la spécialisation
La spécialisation porte en elle une énorme force expansive de progrès. Mais elle contient aussi le germe d’une régression dans l’ordre intellectuel et spirituel …
Dans ce drame de l’Homme de sciences actuel, se profile un risque imminent: la déshumanisation de la médecine… Les réactions psychiques du malade, ses souffrances, son angoisse resteront toujours en dehors du contrôle rigoureux de la physique et de la chimie.
Chavez 1958, président de la Société Internationale de Cardiologie
Progrès évidents :
- espérance de vie augmentée
- souffrances diminuées
Mais esprit d’accompagnement dégradé, selon :
- esprit du service
- formation des soignants
Régression dans l’Accompagnement. Pourquoi ?
Changements des pratiques hospitalières et de ville :
- Temps relationnel diminué
- fragmentation de la médecine : globalité du patient ?
- durées d’hospitalisation raccourcies
- charges techniques accrues
Changements de l’état d’esprit médical :
- la technique, rigoureuse et mathématique, séduit et rassure
- sélection et formation des étudiants basées sur les sciences
Évolution de la société défavorable à l’accompagnement :
- individualisme
- dispersion des familles
Réaction humaniste dans les années 1980.
Illustration de cette évolution : l’expérience d’un médecin débutant ses études en 1948
Contexte :
- Milieu paysan, solidaire, chrétien accompagnement = devoir sacré
- Enfants : confrontées à la mort
- Adolescents : image d’une médecine « romantique » (Cronin)
- Étudiants : importance de la médecine interne, médecine globale, enseignement et formation ( cliniques, concrets, au lit du malade)
Une expérience personnelle :
- 1950 – 1960, face à la méningite tuberculeuse, prise de conscience de l’influence majeure des infirmières
- 1970, Prouesses et échecs de la chirurgie cardiaque : la mort inattendue / la mort annoncée
Vers une adhésion aux Soins Palliatifs face au cancers thoraciques 1980 – 1985
Itinéraire des malades avec des périodes de crise :
- crise initiale à l’annonce du diagnostic, majorée / symptômes
- en cours de traitement:
- échec = crise terminale
- rémission
- reprise évolutive = nouvelle crise
- guérison
Nos faiblesses :
- un traitement curatif mal toléré
- un traitement palliatif loin d’être au point
- un accompagnement insuffisant
… dans un contexte de pénurie de professionnels.
Des rencontres vont accélérer nos réflexions
- Mr. Y, catalyseur de l’adhésion aux soins palliatifs
- Relation avec Jean Favery et Pierre Lenoir
- Discussion autour d’une définition
“Les SP concernent aussi les personnes traversant une phase critique au cours d’une maladie potentiellement mortelle mais susceptible de rémission, voire de guérison.” - Création de la première équipe de bénévoles d’accompagnement en France: sur le modèle du St-Christopher Hospital prévue à l’USP de l’Hôpital Montsouris mais affectée à un service clinique à l’Hôpital Percy (pneumologie)
- Les craintes initiales des soignants : peur du jugement, relation modifiée avec le malade
Première convention pour un essai de un an signée en 1986
Evolution du regard des soignants sur les bénévoles
Reconnaissance de la complémentarité, dans :
- la présence
- l’écoute
- l’échange d’informations
Partout où le malade souffre :
- à domicile
- en institution
Accompagnement toujours le même avec des adaptations à :
- l’âge
- la pathologie
La complémentarité bénévoles-soignants s’exprime :
- sur le terrain
- au sein de l’association
Soins palliatifs – Objectifs et réalisations de l’Association pour le développement des Soins Palliatifs
Communication du Professeur J. Kermarec, Académie de Médecine, le 19 novembre 1996.